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26 novembre 2022

La diversité (parenthèse)

Point diversité

  1.  Qu'est-ce que la diversité?

    La diversité en littérature permet de donner une existence à des personnages souvent absent dans l'imaginaire.  Pendant longtemps, les héros étaient minces, cisgenres, valides et blancs, le club des 5, fantômette, les malheurs de Sophie... et j'ai grandi avec ces personnages-là. 

  2. Pourquoi j'écris de la diversité?

    J'écris de la diversité parce ce que je veux lire les aventures de personnages différents, des personnages qui me ressemblent physiquement ou mentalement. Je veux avoir plus de choix plus de variétés avec les personnages noirs. J'ai ressenti un manque dans cette variété. L'année dernière, je cherchais des romances avec des personnages caribéens. J'ai eu du mal à en trouver. 

  3.  Pourquoi je lis de la diversité?

    Pendant longtemps, j'ai eu du mal à lire. Je n'arrivais plus à m'intéresser aux histoires. J'ai retrouvé du plaisir en lisant, en anglais parce que les anglophones anglais, américains ou nigériens offrent une grande variété de personnages divers. Je n'avais pas l'impression de lire les mêmes clichés. Et, je pouvais lire autre chose que le racisme, l'esclavage, des traumas, de la queerphobie... 
    C'est vrai que je ressens quand même un grand manque par rapport aux maisons d'éditions françaises. Elles font des traductions ( parfois en changeant le titre, la couverture et sans faire de publicité) mais on a des auteurices français.e.s qui en écrivent. 


  4. Pourquoi est-ce important de souligner cette diversité?

    On est de plus en plus de lecteurices à rechercher cette diversité, cette bonne diversité. ( Attention, je ne veux pas dire que le personnage doit être présenter seulement sous son meilleur jour mais traiter comme un être humain et non comme une liste de stéréotypes, sans aucune profondeur.) Quand on souligne quelle représentation se trouve dans une oeuvre, c'est pour faciliter la vie des autres lecteurices. 


  5.  Menaces sur la fin de la diversité par des auteurices non-concerné.e.s?

    Beaucoup d'auteurices mettent de plus en plus de diversités dans leur roman. Forcément, nous, les chasseurs de représentation, on va s'y intéresser. Les représentations ne sont pas encore assez abondantes et variées pour qu'on ne souligne pas les mauvaises représentations, celles qui tombent dans les mêmes travers. Les chroniques, les reviews ne sont pas à destination de l'auteurice mais des autres lecteurices. On va souligner ce qu'on a aimé, ce qui ne va pas. On ne demande pas une réécriture du livre, c'est déjà trop tard. Mais, cela peut aider des personnes qui sont sensibles à certains stéréotypes et qui n'ont plus envie de les lire. 
    Il arrive que certain.e.s lecteurices non concerné.e.s tombent sur ces chroniques et viennent défendre bec et ongles leur auteurice préféré.e. Et très souvent, iels admettent ne pas avoir remarqué les mêmes choses que nous. C'est normal quand on n'a jamais eu besoin de se poser la question de sa représentation de ne pas voir quand une personne différente de nous n'est pas bien représenté. En revanche, ce serait bien de s'asseoir, de boire un verre d'eau et d'écouter nos doléances parce qu'au bout d'un moment cela a un impact dont je parlerais plus tard. 
    Très souvent, ce genre de discussion finit par " si vous continuez comme cela, on n'écrira plus de la diversité". Mais personne ne vous à demander de le faire ou de ne pas le faire. Ce qu'on demande c'est que ce soit fait correctement, que vos personnages noirs ne soient pas interchangeables, un afro-américain n'aura pas la même vision du monde, les mêmes attentes, les mêmes rêves et ne naviguera pas dans ce monde de la même manière qu'une afrocaribéen. 
    Cette menace aussi démontre qu'ils comprennent inconsciemment qu'ils savent qu'ils ont plus d'opportunités pour être édités mais aussi qu'ils pensent être les seuls garants de la diversité. Selon l'idée que s'ils n'écrivent pas de la diversité, il n'y en aura pas. 
    Merci, mais en dépeignant vos personnages avec les mêmes clichés vous ne nous faites en aucun cas une faveur. Au contraire, vous contribuez à alimenter ce qu'on souhaite détruire. 

  6. La diversité, effet de mode, wokisme?

    Alors là, c'est un point qui revient très souvent dans les discussions Twitter. Ecrire des personnages Queers, racisé.e.s ou minorisé.e.s sont des effets de mode. Des personnes qui existent et qui demandent à se voir dans des romans, des séries, des films sont un effet de mode. 
    Une personne m'avait dit un jour dans un atelier "si une personne manque demande-toi pourquoi?" .
    Qu'est-ce que le wokisme? Selon wikipedia (Politique) (Péjoratif) Expression politique et polémique utilisée pour stigmatiser une vision radicale de la justice sociale et de la défense des minorités en la présentant comme opposée à l’universalisme républicain et dénuée de rationalité.
    La raison pour laquelle la diversité des personnages ou des auteurices fait peur, c'est parce que beaucoup qui ont l'habitude d'être surreprésenté.e.s sont terrifié.e.s à l'idée de disparaitre. Comme si l'existence d'un groupe de personnes allait les conduire dans le néant et dans l'oubli. Dans leur esprit, la coexistence n'est pas possible. Iels ont conscience de leur monopole sinon iels ne paniqueraient pas à l'idée de faire un peu plus de place à la diversité. 
    Il y a eu une panique morale de plusieurs auteurices anglophones qui inventaient des histoires sur le fait que leurs romans étaient bons mais qu'on ne les éditerait pas parce qu'il n'y avait pas de diversités. Il n'y a pas à dire, ils ont un vrai talent pour inventer des fantasmes racistes qui n'existent pas. 

  7.  La diversité et son plafond de verre. 

    Les auteurices queers et/ou racisé.e.s rencontrent divers problèmes dans le domaine de l'édition française. Déjà, il faut qu'il est le courage d'envoyer leur roman. Quand on regarde les catalogues de certaines ME, on voit qu'elles aiment la diversité seulement et seulement si elle est écrite par des auteurices non concerné.e.s et privilégient les traductions. On remarque aussi la différence de traitement. Les auteurices non concerné.e.s ont généralement le droit à de magnifiques couvertures, on va leur faire de la publicité sur toutes les plateformes. Pour les concerné.e.s très souvent ce sont les lecteurices qui donnent l'alerte. Le message est très clair, le sabotage évident. 
    Un autre problème concerne aussi la quantité. Les ME ont une sorte de quota imaginaire quand il s'agit de diversité ou d'auteurices racisé.e.s et/ou queers si bien qu'un livre devient leur champion de la diversité année après année.
    En ce qui concernent certains retours, on entend souvent votre histoire avec des personnages Queers et/ ou racisé.e.s n'est pas originale, on a déjà ce genre d' histoires (nombre total= 1). Quand j'entends cela, j'ignore si je dois rire, pleurer ou être en colère, peut-être les trois? Vous savez le nombre de versions de certains contes que l'on a, le trope de la fille pas comme les autres et du bad boy est tellement décliné que lui-même en est écoeuré. 
    Les éditeureurices expliquent souvent quand on pointe leur manque de diversité dans leurs éditeurices, qu'iels ne reçoivent pas de manuscrits.  Allez vous faire un petit thé, pour la suite. Je vais prendre l'exemple de Laura Nsafou, l'autrice de "Comme un million de papillons noirs", quand elle a présenté son album à une maison d'Edition, on lui a répondu que son livre ne se vendrait pas parce que c'est pour un public de niche. Donc les enfants peuvent lire des histoires sur des animaux anthropomorphes, des voitures qui parlent, des enfants blancs mais une histoire avec des personnes noires ne peut pas être universelle et cible seulement un certain public qu'iels considèrent comme restreint (car beaucoup déclarent que les personnes noires ne lisent pas, ceux à quoi je réponds, proposez-leur des livres qui les intéressent aussi). Cette réflexion démontre bien les biais existants et les obstacles que doivent détruire les auteurices racisé.e.s pour publier leur livre. 

  8.  Sensitive reader, le Uno de l'édition. 

    Qu'est-ce qu'un sensitive reader ou un lecteur sensible? C'est une personne dont le métier et de vérifier que certains personnages ont une juste représentation. 
    Son rôle n'est pas d'éviter à l'auteurice d'être accusé.e de sexisme, d'homophobie ou de racisme comme j'ai pu le lire. Il aide à améliorer le traitement de certains personnages qui ont toujours droit à des représentations déshumanisantes et/ou stéréotypés. 
    Le nombre idéal est de 3. 
    Avec l'émergence de ce métier dans l'édition, on remarque très vite l'émergence des dérives dont des lecteurices averti.e.s et militant.e.s avaient parlée. Les éditeurices l'utilisent comme un paravent contre toutes les critiques sur les représentations. On a souvent des exemples dans le Twitter littéraire et, certain.e.s confondent Beta lecteur et Sensitive reader. Iels n'ont pas les mêmes objectives de lecture.

  9. Sensitive reader, outil du wokisme. 

    Les grands défenseur.euse.s du "on écrit ce qu'on veut, comme on veut" soutiennent mordicus que les sensitive readers nuisent à leur créativité et à leur choix dans l'écriture, sans ce rendre compte que leurs choix ne sont soumis qu'à leurs expériences conscientes ou inconscientes et à leur capacité d'ouverture. Comment cela ce fait-il que l'on retrouve certains patterns dans le traitement des personnages noirs ou queers par exemple, si bien qu'on leur a donnés un nom? (magical N*gro, bury your gay etc)

  10. Les tropes qu'on connait par coeur pour les personnages noirs. La limitation de notre imaginaire. 

Quand vous êtes absents des représentations, ou que le personnage qui vous ressemble est une combinaison de stéréotypes ou bien encore qu'il ne fait que mourir, cela a un impact inconscient sur vous. 

En voici quelques exemples:
-Le personnage noir qui meurt pour sauver le héros blanc. 

Généralement, c'est son meilleur ami, il est toujours là pour le soutenir, le faire rire. Sa mort a pour but de faire grandir le héros qui a besoin d'un événement tragique pour devenir plus fort... 

-Le personnage noir qui ne sera jamais le love interest du héros. 
Parfois, si on a de la chance, c'est envisagé mais ça ne va pas plus loin. 

-Le personnage noir serviteur. 

C'est celui qui va aider le aider sans rien attendre en retour, qui pourra même se faire maltraiter. 

-Le personnage noir, objet de désir sexuel. 

Homme comme femme, ce personnage est sexualisé à outrance, on retrouve souvent un lexique relatif à la bestialité pour le décrire. 

Et après, on a des stéréotypes genrés spécifiques aux femmes noires:
- la mama
-l'activiste
- la femme noire toujours en colère

Il y en a encore... que l'on peut trouver facilement. 

Conclusion

La diversité, oui mais avec nos propres termes et à notre destination. 
Les non-concerné.e.s qui ont surfé sur la vague de la diversité ne nous avaient pas en tête, iels pensent que nous ne faisons pas partie de leur lectorat. En revanche, on remarque qu'iels se sont bien servi des concerné.e.s pour acquérir superficiellement quelques codes et avoir une certaine légitimité, puis n'ont pas hésité à les jeter sous le bus à la moindre critique. Ce n'était pas un désir réel de changement puisqu'iels centraient la diversité sur elleux. 
La diversité n'est pas une mode, nos existences ne sont pas des modes et nous voulons lire des livres qui nous ressemblent. Les personnes noires lisent et écrivent, peut-être pas ce que vous lisez ou ce que vous écrivez mais nous sommes là. 

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