Célanire Cou-coupé de Maryse Condé

Célanire Cou-coupé de Maryse Condé

Maryse Condé est une autrice et journaliste Guadeloupéenne née en 1937. Elle est également professeure de littérature. On la connait également pour son engagement pour l'Indépendance de la Guadeloupe. 

Tw: slutshaming, homosexual bashing, bisexual bashing, biphobie, homophobie, racisme anti-asiatique, colorisme, mort, violences conjugales, consentement sexuel douteux, alcoolisme, infanticide, tentative de viol

Quatrième de couverture:

Elle venait de ces colonies des Antilles dites françaises, d'un monde bariolé et strident où les vivants et les morts se mêlent parfois amoureusement. Eté comme hiver, elle ne quittait jamais son foulard serré autour de son cou, pour masquer sa cicatrice. Elle n'aurait pas assez de toute sa vie pour se venger du crime dont elle avait été victime. 
Cette histoire est inspirée d'un fait divers survenu à la Guadeloupe en 1995: la découverte d'un bébé à la gorge à moitié tranchée, jeté sur un tas d'ordures. L'imagination fantastique de Maryse Condé a fait le reste, pour créer Célanire, magicienne et putain, milliardaire et sainte, et tracer à l'encre rouge son singulier destin.

Célanire ne laisse pas indifférent ceux qu'elle croise. On la déteste ou on est magnétiquement envoûtée par elle. D'ailleurs, bien souvent, les gens pensent que c'est la fille du diable ou qu'elle a fait un pacte avec un démon encore que c'est un cheval (une personne qui travaille avec les esprits plus ou moins maléfiques). 
Le mystère qui l'entoure et sa liberté de vie et d'esprit alimentent les commérages. Les gens essaient de détruire par leurs paroles mal intentionnées les femmes qui ne leur ressemblent pas. Ils n'aiment pas les femmes libres et encore moins si elles le sont sexuellement parlant. Célanire aime les hommes et les femmes mais à son époque, c'est un crime, une honte. 
Malgré eux et leur mauvaise langue, Célanire parvient à se hisser au-dessus des autres et à provoquer l'admiration, non l'adoration de ceux qui s'approchent d'elle. Mais, comme Icare, ils finissent par se brûler au feu qui consumme la jeune femme. 
Elle désire ardemment détruire, se venger de ceux qui ont tenté de l'éliminer étant bébé et de ceux qui lui ont refusé leur amour. 

Le personnage de Célanire est très intriguant, on a très vite envie d'apprendre ce qui la motive et qui elle est réellement. Les gens sont unanimes pour la juger sans essayer de la connaître. La mysoginie va bon train où qu'elle pose son pied. 

L'histoire est très intéressante sous la plus de Maryse Condé. J'ai adoré retrouvé certaines croyances commune entre la Côté d'Ivoire et la Guadeloupe. J'aime bien aussi cette idée que tout acte a des conséquences même si on pense y avoir échappé. La vie finit par nous rattraper. 

En revanche, les femmes subissent énormément le slushaming surtout Célanire qui essaie d'injecter des idées féministes dans un monde patriarcal et mysogine au possible.  Le racisme anti-asiatique est bien prégnant. 
La fin m'a laissé un goût amer. Cette femme si courageuse, qui a traversé la moitié du globe, tout ça pour se venger, est devenue millionnaire, s'est heureusement marié prend la décision la plus... conventionnelle du monde. J'ai juste l'impression que cela ne colle pas avec l'image du personnage!
Le thème de la vengeance est très bien exploité, j'étais très impliquée dans l'oeuvre de Célanire. 
Je vous recommande chaudement ce livre. 
Bonne lecture à toutes et tous.