Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'ivre de lecture
17 mai 2023

Les tendres plaintes de Yôko Ogawa

Les tendres plaintes de Yôko Ogawa

Quatrième de couverture

Blessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître. Elle quitte Tokyo et se réfugie dans un chalet en pleine forêt où elle tente de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe. Non loin, dans un autre chalet, s'est installé Nitta, un ancien pianiste de renom devenu facteur de clavecins, un homme habité par un calme particulier qui semble absorber les sons des instruments qu'il fabrique. Bien qu'assisté chaque jour dans son ouvrage minutieux par une jeune femme prénommée Kaoru, il vit seul avec un vieux chien aveugle et sourd. Invitée en ces lieux par Kaoru, la calligraphe observe et s'interroge sur la relation du facteur et de son aide. Ainsi elle apprend que Nitta ne peut plus jouer en présence d'autrui, que seule persiste en lui la capacité de vivre avec des sons invisibles. Mais, un matin, la calligraphe surprend Nitta installé au clavecin jouant "Les Tendres Plaintes" pour Kaoru.

Les personnages

Ruriko: Elle part dans le chalet familial pour fuir et chercher je-ne-sais quoi. Elle est très passive et ne s'autorise pas à ressentir de la colère ou de la tristesse vis-à-vis de son mari. Elle voudrait redécouvrir la vie, l'amour, la passion dans les bras de Nitta. Elle se retrouve au milieu de la nature à cause d'une blessure du coeur et s'en crée une autre en côtoyant Nitta et Kaoru. Elle voudrait être celle qu'il faut pour Nitta. 

Nitta: Il est facteur d'instruments, ses mains peuvent créer mais ne peuvent pas guérir. Il a une relation particulière avec Kaoru mais elle n'est pas si exclusive que cela même si elle est unique. Il est aussi perdu dans la nature pour travailler et guérir du fait qu'il ait dû abandonner ses rêves. Il est divorcé de sa femme et a trouvé l'amour dans les bras de Kaoru.

Kaoru: Elle aussi est blessée par la vie. Chaque jour, elle combat un douloureux souvenir qui la hante. Grâce à Nitta et à la fabrication des clavecins, elle oublie de plus en plus ce terrible sentiment qui a pris refuge dans son coeur. Elle aussi est venue dans ce lieu si reculer pour guérir. 

Le mari de Ruriko: Il trompe sa femme ouvertement et passe beaucoup de temps avec sa maitresse. Il ne tient plus à Ruriko et ne cherche même pas à la contacter. Il est lâche et espère qu'elle prenne toutes les décisions pour lui. Il ne parle même pas de divorce. Il accepte ce que Ruriko décide. 

Mon avis: 

J'ai beaucoup aimé cette histoire mais elle me laisse un sentiment amer pour Ruriko. Page après page, elle subit des pertes. Elle n'a pas réellement de bras pour se consoler, elle ne laisse pas éclater sa colère ou sa tristesse, elle est un peu passive dans la vie et s'en prend à la mauvaise personne. Celui qui subit son chantage affective est Nitta et non son mari. J'ai éprouvé beaucoup de peine pour Ruriko qui a dû mal à faire face à ses émotions. Elle se réfugie dans la forêt. Au début, je pensais que c'était pour se reconstruire mais, c'était pour fuir la situation. Tout le monde se terre dans cet endroit pour se cacher, pour ne plus voir les blessures, ni affronter le monde. Aucun d'eux n'espère qu'elle disparaisse, ils cherchent simplement à la faire taire. 

Les relations entre les trois protagonistes sont étranges. Elles sont, sans véritable cause ou raison. 


J'ai adoré les descriptions sur la nature et l'utilisation des sons. J'avais l'impression d'y être. ça a réhaussé un peu ces personnages qui manquaient de couleurs et de profondeurs comme si l'imposante nature autour d'eux avec tout absorbé. Les objets sont aussi plus importants que les êtres humains. J'ai trouvé les clavecins beaucoup plus complexes dans leur construction que les êtres vivants. Ces derniers se laissent un peu porter par la vie. L'autre peut leur assener des horreurs, ils l'encaissent, comme s'ils mettaient le tout dans la boîte à souffrance qui est tapi dans leur coeur, cette boite qui peut s'ouvrir à tout moment et qu'ils remplissent sans jamais penser à la vider. 

J'ai trouvé ironique que le titre soi les tendres plaintes alors que Ruriko ne se plaint jamais réellement. C'est comme si elle ne voulait pas avoir accès à ses émotions et se servait du morceau de musique pour les exprimer. Dans ses gestes, on comprend qu'une certaine langueur s'est emparée d'elle mais jamais elle ne s'exprime sur ce qui la blesse vraiment. Elle a peur d'exprimer sa douleur et de demander les choses qu'elle serait en droit d'obtenir. C'est comme si la vie glissait sur elle et parfois, sa violence s'exprime de manière inattendue. Elle déjà en position de faiblesse ne peut s'en prendre qu'au plus faible. 

Je vous souhaite une bonne lecture à toutes et tous. 

Bonus

Pour écouter "Les Tendres Plaintes" de Jean-Philippe Rameau 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L'ivre de lecture
Publicité
L'ivre de lecture
Archives
Publicité