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14 juillet 2021

Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire

Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire

IMG_20210721_202814Source: Externe

Editeur: présence Africaine
Nombre de pages: 92

Quatrième de couverture:

Comme naguère Jean-Jacques Rousseau dénonçait le scandale d'une société fondée sur l'inégalité, avec la même clarté et un bonheur d'écriture que seule peut inspirer la passion du juste, Aimé Césaire prend ses distance par rapport au monde occidental et le juge. 
Ce discours, publié pour la première fois en 1950 par la maison d'édition Réclame, est un acte d'accusation et de libération. En pleine lumière sont exposées la barbarie du colonisateur et le malheur du colonisé, la machine exploiteuse d'hommes déshumanisante, machine à détruire des civilisations. C'est la première fois qu'avec cette force est proclamée, face à l'Occident, la valeur des cultures n*gres. Ce texte s'inscrit dans la lignée des textes majeurs de la littérature anticoloniale. 

Le discours sur le colonialisme est suivi du Discours sur la négritude, qu'Aimé Césaire a prononcé à l'Université internationale de Floride (Miami), en 1987.
Le poète et homme politique martiniquais Aimé C2saire, né en 1913 et mort en 2008, est l'un des fondateurs du mouvement de la Négritude. 

Mon avis:
La civilisation apportée par les colonisateurs passe par la destruction de ce qui existait. Les civilisateurs acceptent les crimes qu'ils commettent dans d'autres pays mais se révolteraient si cela leur arrivait. Leur sauvagerie demeure invisible à leurs yeux. Ils préfèrent se voiler la face et qualifier ceux qu'ils oppriment de barbares. Selon Aimé Césaire, ils ont accepté le nazisme jusqu'à ce que cela les touche. Quand il s'appliquait à des peuples non-européens, les européens fermaient les yeux ou regardaient en condamnant mollement. 

"C'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation de l'homme blanc et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes donc ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les co*lies d'Inde, les n*gres de l'Afrique".

L'humaniste Renan tient des propos contraire à ce qu'il prône: 


" La régénération des races inférieures abâtardies par les races supérieurs est dans l'ordre providentiel de l'humanité. L'homme du peuple est presque toujours, chez nous, un noble déclassé, sa lourde main est bien mieux faite pour manier l'épée que l'outil servile". 

Un humaniste est une personne qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs. 

Or Monsieur Renan effectue un classement entre les hommes. Selon lui, les Chinois sont la race des ouvriers, les n*gres, la race des travailleurs et la race des maîtres et des soldats est la race européenne. 

C'est tout naturellement que les Européens dominent le monde. Les n*gres demandent à être contrôlés, guidés pour pouvoir s'épanouir. 
Quand les Européens doivent se soumettre à un rôle de travailleur ou d'ouvrier, ils se révoltent.

La colonisation est, ensuite justifiée, par l'utilisation des richesses. Celles-ci se trouvant entre des mains incapables de les exploiter, les Européens, obéissant à la loi de Dieu, sont venus les utiliser. 
Le monde ne leur en demandait pas tant. 


"Il parait que c'est tirer de vieux squelette du placard" 


La France ferme les yeux sur son passé.  Elle tente de le cacher au lieu de l'admettre et d'évoluer. Cacher la poussière sous le tapis  n'est pas nettoyer. La poussière existera toujours et formera une grosse bosse. 
Il est grand temps que la France accepte de regarder son passé coloniale en face. Il ne s'agit pas de s'auto-flageller mais admettre, reconnaitre pour, enfin, pouvoir avancer. Ce n'est pas normal que le discours de 1950 sonne aussi juste en 2021. On n'a pas réussi à crever l'abcès. Le mal être perdure chez les Antillais. 
On voit encore la différence de traitement entre les citoyens de l'Hexagone et ceux des Antilles. 
Reconnaître son histoire permettra de rouvrir le dialogue qui semble rompu. 

 

"Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise, l'homme même le plus civilisé". 


Si on reprend la liste de tous les crimes commis par les colonisateurs sur les colonisés sous prétexte de les civiliser, on comprend qu'il y a un énorme problème. Le comportement violent et barbare qui s'est dévoilé dans les colonies le prouve. Aucun homme qui se dit civilisé, ne pourrait torturer son prochain, le considérer comme un sous-homme. Les viols, la maltraitance, les violences étaient courantes. Ils prenaient les colonisés comme leur reflet. Ils leur attribuaient leur propre comportement. 

Pour expliquer et excuser la colonisation, les colonisateurs ont même utilisé la psychanalyse. Décidément toutes ces sciences que l'on manipule pour servir son but, c'est du pain béni. 
Les peuples colonisés ont besoin d'assouvir leur besoin de dépendance. On leur fait une fleur en les colonisant. 
Les noirs ne réclament pas la liberté. C'est faux. Les nombreuses révoltes des personnes esclavagisées ne sont jamais enseignés pour renforcer cette idée. Pendant leur capture, sur les côtés, sur le bateau négrier, sur les nouvelles terres, les hommes et les femmes se sont révoltés. 
Les Malgaches n'ont eu de cesse de se libérer aussi. Occulter des pans importants de l'histoire nourrissent cette narration. Les colonisés et les personnes esclavagisées se sont toujours battus pour se libérer de leur chaîne. 
Les colonisés ont toujours voulu récupérer leurs terres. 

Gobineau, ce cher Gobineau, se mêle à la fête. 


" Il n'est d'histoire que blanche". 

 

Avec quoi est rempli le musée du quai Branly?  Des vestiges des civilisations qui ont été détruites par la colonisation. 


" ... ceux-ci ont de plus grandes capacités qui d'ailleurs ne leur donnent pas plus de droits, mais seulement plus de devoirs". 


Le fameux "fardeau de l'homme blanc" de Kippling. Personne ne leur a rien demandé. Pourquoi se sentir investi d'une telle mission. 
De plus si vraiment, ça aurait été le cas. Ils auraient pu choisis de le faire de manière honnête: leur apporter leurs connaissances et payer pour les matières premières dont ils avaient besoin. 

Je trouve que le discours  d'Aimé Césaire sur la colonisation résonne encore aujourd'hui quand on voit la situation des anciennes colonies qui sont soit devenues indépendantes soit devenues des départements d'outre-mer.
Aimé Césaire parle des routes et des hôpitaux qui ont été introduits, ce qu'on a cessé de nous rabâcher comme bienfait de la colonisation. Est-ce que ceci valait tous les drames, le sang, le malheur, la destruction des hommes, des femmes, des enfants, des familles, la mutilation, la torture? 
On ne peut pas opposer des infrastructures à des vies humaines. C'est indécent. Et, je répète, il y avait des manières moins barbares d'introduire tout cela. 

Et, ces routes et ces hôpitaux n'ont pas été construits pour le confort des colonisés mais bel et bien pour le confort des colons, ne l'oublions pas. 

La deuxième partie du livre est constituée du "discours sur la Négritude" prononcé le jeudi 26 février 1987. 

Qu'est-ce que la Négritude?
Aimé Césaire explique que "... c'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire, l'histoire d'une communauté dont l'expérience apparait, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d'homme d'un continent à l'autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées". 

Les personnes noires déportées ont du se réapproprier leur histoire étant privé de leur base et souvent de la vérité. Elles ont, grâce aux vestiges de leur culture qui se sont transmis de génération en génération, en dépit de tous les efforts faits pour la détruire. 

Aimé Césaire explique que la Négritude est une "recherche de notre identité, une affirmation de notre droit à la différence, sommation faite à tous d'une reconnaissance de ce droit et du respect de notre personnalité communautaire". 

Ma mère a été à l'école quand la Martinique était un département français, pourtant parler créole était mal vu, elle était même battue quand elle osait le parler à l'école. Les programmes scolaires ne tenaient pas compte des spécificités des Antilles. Comment des enfants, descendants d'esclaves, ou de travailleurs forcés ou de travailleurs indiens et chinois leurrés peuvent-ils apprendre "nos ancêtres, les Gaulois"? Cette aberration n'avait pas pour but d'uniformiser les enseignements en Hexagone et en outre-mer mais bel et bien pour effacer l'histoire des Antillais. 


"Nous sommes de ceux qui refusent l'amnésie comme méthode". 

Oublier empêche d'avancer, oublier ferait refaire les mêmes erreurs!
Notre histoire est trop importante aussi douloureuse soit-elle pour lui permettre de tomber dans l'oubli. 

Aimer son pays, c'est aussi reconnaitre ce qui ne va pas pour l'améliorer. 


Ce livre permet de se poser des questions sur notre histoire. Je vous recommande de le lire. Il est assez court mais pousse à la réflexion. 

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