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5 novembre 2022

La République du Bonheur d'Ogawa Ito

 La République du Bonheur d'Ogawa Ito

Source: ExterneSource: Externe

Romans traduit du Japonais par Myriam Dartois-Ako

Editions Picquier

282 pages

Adulte

Résumé:

La vie est douce à Kamakura. Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d'écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau. Hatoko s'est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d'être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l'enfant l'art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l'armoise ou du thé vert fait maison. Mais si Hatoko excelle dans l'art difficile d'écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d'écrire ce qui brille au fond de son coeur. 

 

Après La Papeterie Tsubaki se dévoile une fois de plus tout le talent d'Ogawa Ito pour nous révéler les sources invisibles du bonheur. Ogawa Ito est née en 1973. Elle chante, écrit des livres pour enfants, des articles pour des magazines de cuisine et de voyage. Son premier roman, Le Restaurant de l'Amour retrouvé, a été adapté au cinéma au Japon et est devenu un best-seller mondial. Il a reçu en France le prix Eugénie Brazier. 

Les personnages

QP/ Haru: QP est surnommé de la sorte par Hatoko, on apprend pourquoi plus tard. On ne connait son vrai prénom que vers la fin de l'histoire. Elle est la raison pour laquelle son père et Hatoko se sont mariés. Elle a uni ses deux êtres solitaires et  a fait d'Hatoko une mère (selon les propres dires d'Hatoko), elle est très douce et plutôt autonome pour son âge. Il y a beaucoup de passage de complicité entre QP et sa belle-mère. Hatoko lui transmet l'art de la calligraphie comme l'aînée (c'est ainsi qu'Hatoko appelle sa grand-mère qui l'a élevée) le lui a appris. Les méthodes d'enseignement d'Hatoko sont plus douces. 

 

Poppo/ Hatoko est une jeune femme qui tient une papeterie, elle est écrivain publique. J'ai découvert cet ancien métier avec elle. Hatoko nous montre son empathie en fonction des clients qu'elle reçoit. Certains utilisent l'écrivain publique pour régler des comptes avec leur mari, leur femme ou faire des demandes assez difficiles à leur proche. Hatoko est une femme très sensible, elle écrit ses lèvres avec coeur pour que tout le monde se sente heureux. Elle prête attention aux conséquences, certaines lettres peuvent briser des foyers ou des amitiés si elles ne sont pas rédigées humainement. Hatoko se plait dans le rôle de mère même si elle sait  (et ne veut pas) qu'elle ne remplacera jamais la mère de QP. Grâce à son nouveau rôle, elle comprend sa grand-mère qui a dû l'élever et qui n'a jamais eu le droit d'exercer son rôle de grand-mère. La mère haute en couleur d'Hatoko fait une brève apparition qui hante la jeune femme. 
Hatoko découvre sa grand-mère et voit la vie de son point de vue bien qu'elle soit décédée à travers les lettres que celle-ci envoyait à une de ses amies. Cette dernière lui a envoyé la correspondance de l'aînée. Hatoko se plait à revivre les souvenirs de l'aînée pour marcher dans ses traces à sa façon. Cela l'aide à faire son deuil. 

 

Mitsurô est un peu effacé, il pense à Hatoko à sa manière. Lui aussi vit un deuil, sa précédente épouse est décédée à cause d'un malheureux accident. Il réapprend à s'ouvrir au bonheur et à l'amour auxquels il pensait ne plus avoir le droit. Il se bat pour réussir et pour que son restaurant ait du succès. 

Miyuki est la femme défunte de Mitsurô, on en apprend sur elle au fur-et-à mesure de l'histoire. Sa mort ne pèse pas sur la nouvelle famille recomposée, elle apparait dans les yeux d'Hatoko comme un ange qui veille sur sa famille. 

L'aînée: D'après les dires d'Hatoko, on comprend que l'aînée est une femme très dure. Elle a beaucoup de regrets mais ne savait pas comment endossé sereinement son rôle de maman de substitution envers sa petite-fille. Peut-être que ce qu'est devenu sa propre fille la pousser à être plus rigide. On en apprend plus sur ses envies, ses désirs, ses petits rituels pour se sentir bien à travers les lettres qu'elle a écrite et quand Hatako revisite ses souvenirs avec elle. 

Mon avis
J'ai vraiment aimé cette histoire. Tous les personnages sont très touchants. On assiste à la formation d'une famille: trois personnes qui apprennent à se connaitre et à vivre ensemble. J'aime bien le fait qu'Hatoko et Misturô ne vivent pas ensemble même s'ils étaient mariés. Ils ont pris leur temps. Et, un changement dans le travail de Mitsurô a un peu accéléré les choses. Tous ceux qui gravitent autour de ce couple sont très attachants. En dépit de tous leurs malheurs qui font parfois partie de la vie comme la mort, la maladie, les accidents, ils essaient de se créer des bons souvenirs, de de profiter les uns des autres, de se créer des oasis de bonheur. 
Les personnages aiment beaucoup partager leur nourriture, leurs fruits les uns avec les autres. On fait énormément ça en Martinique, c'est une forme d'amour. 

Le deuil et l'amour s'entremêlent tout au long de l'histoire. Il y a beaucoup de douceur dans ce texte. C'était agréable à lire. Les lettres qu'Hatoko rédige en tant qu'écrivain publique sont retranscrites en japonais. On voit aussi le travail de QP. 
Hatoko aime son travail et nous explique que le tracé des traits doit avoir une certaine énergie et une certaine force. La calligraphie est réellement un art. Hatoko est très minutieuse et explique que l'effet ne sera pas le même en fonction de l'outil utiliser. Le nettoyage de ses outils est également important pour les garder en bon état. C'est difficile pour elle de marcher dans les souliers de sa grand-mère et d'utiliser ses plumes mais au fur-et-à-mesure de sa découverte d'un autre visage de l'aînée, son héritage devient moins lourd à porter. 

J'ai découvert la Poste des lettres perdues. C'est une idée tellement mignonne pour aider à faire son deuil ou écrire à quelqu'un qu'on a perdu de vue. Elle se trouve réellement sur l'île d'Awashima. 

Je vous conseille vivement cette lecture. Et pensez vous aussi à vous créer une République du Bonheur. 

Bonne lecture à tous et toutes. 

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